Ce week-end démarrait de bonne heure pour les pensionnaires de Nationale 3. Tout était minuté : à peine sorti de son épreuve de bac blanc, Brendan sautait dans la voiture de Solenne qui mettait les bouchées doubles pour rallier le pays du muscadet avant le départ des pendules. L'année dernière, l'ogre Gorges-Clisson avait dominé le groupe de la tête et des épaules, ne concédant qu'une seule défaite : contre le petit poucet bettonais. Un club averti en vaut deux : ils alignent ainsi cette année un fort joueur supplémentaire au 2ème échiquier. Parmi les trois joueurs classés 2200 Elo ou plus dans tout le groupe de championnat, deux d'entre eux nous font face dans cette petite salle. Au total, cinq de leurs joueurs sont mieux classés que le plus fort d'entre nous. C'est dire si Betton fait figure d'outsider.
Mais notre équipe est déterminée, chacun sait ce qu'il a à faire. Sur les trois derniers échiquiers, nous ne devons rien laisser passer. Yvon (#8) monte une attaque sur le roi et va terminer le premier ; Solenne (#7) et Hervé (#6) entrent en finale de pièces mineures avec un pion de plus. Un nouvel exploit paraît à portée : si Christophe (#5) lâche assez tôt un pion, Xavier (#4) a sacrifié la sécurité du roi pour un bel avantage dynamique, Mickael (#3) empoche la qualité, Brendan (#2) a sacrifié une qualité pour obtenir une position complexe où toutes les pièces semblent en prise, qui a mis son adversaire en gros zeitnot ; même Laurent (#1) semble pouvoir tenir sa finale de Tours contre le maître Fide.
Le dénouement se profile. Christophe jette l'éponge, tandis que Xavier joue des coups imprécis qui rendent l'initiative à son adversaire qui l'emporte rapidement. Mickaël rejette une simplification qui ne lui assure pas le gain... et se retrouve dans une finale de Dames perdante. Laurent, victime de son pion arriéré, ne peut contenir l'invasion. Tandis que Solenne et Hervé s'apprêtent à gagner patiemment leur finale, seul Brendan tire son épingle du jeu en atteignant une finale théorique nulle qui lui offre une jolie performance. La sympathique équipe de Gorges prend sa revanche par le plus petit score (4-3) et partagent quelques bouteilles d'un délicieux muscadet qui nous console d'avoir frôlé un nouvel exploit.
Dimanche, les équipes bettonaises au complet, disputent trois rencontres simultanées salle Anita Conti.
L'équipe C reçoit les cadors du groupe, Rennes Longs Prés, qui ont sorti le grand jeu pour l'occasion. Pourtant Guillaume (#1) va tenir le choc contre son adversaire classé 2112 ! Avec les Blancs, il a l'avantage jusqu'à l'erreur du 16ème coup, où il doit concéder la qualité contre un pion. Sa finale reste jouable jusqu'au 48ème coup où il commet une erreur fatale. Une partie plus qu'honorable vu le niveau de l'adversaire ! Son partenaire Louis (#2) n'est pas en reste. Opposé à Jean Prioul, il réalise un bon début qui lui assure l'égalité avec les Noirs. Il lâche malencontreusement un pion au 19ème coup, mais ensuite va parvenir à passer un pion et tenir sa finale de fous (avec un pion de moins), en posant divers problèmes à son adversaire, qui n'en viendra finalement à bout qu'au 54ème coup, alors que dans la salle toutes les parties sauf une sont terminées. Witold (#4) dont c'était la grande première en compétition, obtient une bonne position contre l'ex-Bettonais Patrick Barbier, qui commet la première boulette ; mais au lieu d'en tirer parti, Witold réplique par une plus grosse, qui lui coûte rapidement la partie. Jérôme (#3) est victime d'une combinaison tactique et Gérard (#5) consomme beaucoup trop de cartouches dans une offensive osée. Le match se termine par un résultat prévisible (0-5) mais a néanmoins offert plusieurs bonnes parties.
Opposée elle aussi à forte partie contre Sainte-Anne-d'Auray, l'équipe B a en outre dû pallier la défection de son joueur vedette. Pour tirer son épingle du jeu, il faut gagner contre les deux féminines sur les échiquiers 4 et 5, et au moins annuler au troisième. Si Pascal (#4) développe une belle offensive et gagne une pièce, Ronan (#5) obtient un petit avantage au 13ème coup avant de perdre le fil et de laisser son adversaire développer une contre-attaque sur le Roi, qui lui permet de gagner rapidement une pièce et la partie. Bernard (#3) sacrifie sans raison un pion en sortie d'ouverture, qui va le contraindre à rentrer dans une finale de pièces mineures avec un pion de moins, où faute de meilleure perspective il conclut la nulle. Après l'échange des Dames, Yann (#2) se fait piéger une pièce qui condamne sa partie. Contre un adversaire classé plus de 1900, Damien, qui en capitaine courageux s'est sacrifié au premier échiquier, paraît bien mal parti : une faute dans l'ouverture, une boulette au 23ème coup et le voilà dans une finale de cavaliers avec trois pions de moins. Mais c'est compter sans la combattivité bettonaise : tant qu'il y a de la cavalerie, il y a de l'espoir ! Damien mystifie son adversaire et récupère deux pions. Au lieu de centraliser son roi, celui-ci veut accompagner le pion éloigné vers la promotion. Cela laisse le champ libre à Damien pour venir récupérer son troisième pion et arracher finalement la nulle au terme d'un combat impitoyable qui laisse les derniers spectateurs haletants. Match perdu au final (1-2) mais une belle perf de son capitaine en guise de consolation !
Pour l'équipe A, cette rencontre contre Yffiniac 2, équipe de force très voisine, est le premier rendez-vous capital pour le maintien. A l'exception de deux échiquiers, moins de 100 points Elo séparent les adversaires. Yffiniac, qui s'est renforcé pour ce match-clé et a effectué quelques décalages, domine cependant sur 6 des 8 échiquiers.
Opposé à Eric Lepagnol, ce qui fait de lui le moins favori sur le papier, Yvon (#6) tire le premier. Depuis qu'il est Bettonais, Yvon dégomme méthodiquement tous les Yffiniacais qu'il rencontre : là-bas, ils l'appellent Judge Dredd. Exploitant sans pitié une négligence de début, Yvon sacrifie une pièce dès le 9ème coup. Au 11ème coup, il a déjà une pièce d'avance, et une attaque foudroyante. Au 17ème coup, il a une Tour d'avance. Menacé de mat, son adversaire abandonne au 19ème coup sans avoir terminé son développement. Un tel démarrage ne peut que galvaniser le moral des troupes. D'autant que Christophe (#7) est lui aussi opposé à un adversaire mieux classé, qui consomme toute sa pendule avant le 15ème coup. Il tente ainsi un sacrifice tout à fait faux au 18ème coup, et nous voilà à deux miniatures à rien en faveur de Betton. De son côté, Xavier (#4) a gagné un pion en sortie d'ouverture contre P. Bléteau, et Laurent (#2) repousse efficacement les assauts de son adversaire qui a dû sacrifier plusieurs pions.
Malheureusement, le sablier s'écoule, et laisse sans doute échapper des grains qui viennent perturber les petits engrenages. Mickael (#3), concentré sur ses difficultés à terminer son développement, ne voit pas venir une fourchette qui lui coûte la qualité, et le contraint bientôt à l'abandon. Solenne (#8) rate une découverte qui lui permettait de gagner une pièce et, réalisant son oubli, ne voit pas venir la découverte adverse sur sa Dame. Avec les Noirs dans une partie de roques opposés, Hervé (#5) n'a pas trouvé de contre-jeu et finit par succomber à un pilonnage en règle. Dans une partie fermée, Brendan (#1) a obtenu une position favorable contre F. Cléran. Sa stratégie naturelle consiste à dégager le passage pour prendre possession de la colonne a ouverte et tenter de pénétrer dans la position adverse. Mais sous la pression du temps, il porte son choix sur un coup de pion improbable qui compromet instantanément toute sa position et expose son roi à une attaque de pièces qui ne va pas manquer de la démolir. Xavier a dû se défendre contre des pièces adverses actives et a choisi de ne pas prendre de risques pour assurer au moins le demi-point. Son adversaire finit par récupérer le pion et la finale est nulle. Laurent n'est pas non plus parvenu à concrétiser et se retrouve dans une finale inférieure où il n'a d'autre choix que d'accepter la nulle. Au final nous sommes donc battus 4-2 par notre ancien adversaire de N4, que nous avions coiffé au poteau il y a deux ans pour la promotion, et qui prennent eux aussi une revanche attendue de longue date.
Un week-end à oublier, et des bobos à panser rapidement car de nouvelles batailles à enjeu s'annoncent dans trois semaines !