Pour la sixième année consécutive, Betton était engagée en interclubs adultes dans le groupe 6 du championnat de Nationale 3.

En début de saison, le départ programmé de notre emblématique leader Brendan, qui a fait de nombreuses victimes au fil des saisons, s’est aggravé de deux coups durs imprévus, les défections de Marc et Goulven.

Le pack bettonais s’est donc reformé autour de ses piliers Laurent, Hervé et Xavier, de la doublette combourgeoise Christophe et Jean-Philippe en troisième ligne aile, et complété par le renfort de Bernard, qui a déjà pas mal bourlingué avec l’équipe, le retour providentiel en première ligne de Mathieu, qui nous avait quitté au seuil de l’accession en N3, et à la promotion d’Anatole qui du haut de ses 12 ans et de ses 1409 points Elo a tout à gagner et rien à perdre à l’aventure, sans oublier Damien en joker.

Forte de sa motivation, son esprit de corps et sa préparation bien rodée, l’équipe part toutefois avec une grosse cote et la deuxième plus faible moyenne Elo de ce championnat composé pour la première fois exclusivement d’équipes bretonnes.

 

L'équipe de N3 avant la dernière ronde à Vitré

 

Dès le départ, au vu des forces en présence, le capitaine Xavier a fixé le plan de route : trois matchs pour se roder contre des équipes plus fortes, et ensuite il faudra aller chercher les trois victoires nécessaires au maintien contre les promus Guichen (ronde 4) et Vitré (ronde 8) ainsi que contre l’équipe seconde d’Yffiniac (ronde 7) : trois équipes de niveaux accessibles et peu fournies en remplaçants.

Plus facile à dire qu’à faire ! Pourtant, dès ces trois rondes de chauffe, l’équipe a montré des possibilités. D’abord contre Arradon, candidat à la promotion, où nous ne sommes battus que 4-1 par des joueurs tous plus forts, avec une différence moyenne de plus de 200 points Elo : en particulier, Xavier annule avec les Noirs à l’échiquier #1 contre G. Roussel, l’un des trois plus forts joueurs du championnat (2190), au terme d’une partie défensive mais sans grande difficulté ; Mathieu (#3) montre qu’il n’a rien perdu de ses ressources en mystifiant avec les Noirs F. Duplessy (1935), multiple champion départemental ; Jean-Philippe (#6) annule contre J. Pascot (1847) et Laurent (#2) contre M. Cadéron (1996) ; enfin Anatole (#8) pour son baptême du feu obtient en sortie d’ouverture une position gagnante contre A. Fétiveau (1788), le futur champion du Morbihan toutes catégories, avant de se laisser piéger par la tactique.

 

Puis contre Yffiniac, futur vainqueur du championnat, où malgré les mêmes écarts de classement et l’absence de Mathieu, nous sommes à un moment en position de remporter le match : Christophe (#5) ouvre le feu avec une miniature pyrotechnique contre V. Binard (1797), Hervé (#3) exploite magistralement une erreur stratégique d’A. Cléran (1903), tandis qu’Anatole (#7) domine L. Robert (1838), Bernard (#6) a une finale de pièces mineures avec un pion de plus contre F. Chapelain (1793) et Laurent (#1) a une pièce d’avance contre un autre cador du championnat, C. Sanvoisin (2201) ! Et puis cette belle mécanique se dégrade, Laurent se fait contrer, Bernard et Anatole se contentent de la nulle malgré leur avantage et nous laissons filer le match 4-2.

 

Enfin contre Rennes Paul Bert, où nous alignons pour la première fois tous nos titulaires et faisons face à une équipe inédite du fait des absences, un peu supérieure mais prenable. Christophe (#4) l’emporte contre le jeune A. Marchais (1845), Bernard (#6) fait de même, mais Mathieu (#1) et Anatole (#8) un moment gagnants se font bousculer, score final de nouveau 4-2. Démonstration est donc faite de notre capacité à annuler ou l’emporter contre des joueurs nettement mieux classés, reste à croire davantage en nos positions et grouper ces performances dans un même match !

 

L’occasion va se présenter contre Guichen, malgré l’absence d’Hervé (une première en six saisons !), retenu par le mariage de sa fille. Dans une finale avec un pion de moins, Laurent (#1) parvient à activer ses pièces et à prendre le dessus contre M. Yché (1909). Malgré une pièce lâchée dans l’ouverture, Mathieu (#2) se crée du contre-jeu et l’emporte à la faveur d’une tactique contre J.-G. Le Duigou (1930), lui aussi multiple champion départemental. Bernard (#7) l’emporte en 20 coups, et c’est contre une féminine qu’Anatole (#8) signe sa première victoire après une course de pions en milieu de partie. Christophe (#5) et Xavier (#3) confortent par des nulles maîtrisées cette première victoire d’équipe sur le score de 4 à 2.

 

Match plus compliqué à la rentrée de janvier contre Guingamp, où chacun va s’appliquer à gâcher une position favorable dans un festival de boulettes, tel Xavier (#2) pourtant gagnant dès le 11ème coup, Mathieu (#1) qui offre un Fou, Jean-Philippe (#7) une Tour ! Seul Anatole (#8), qui n’a pas vu le jour de la partie et a dû lâcher la qualité, sauve finalement l’honneur contre T. Jubin (1636), également au bénéfice d’une Tour gratuite. Perdu 4-1, un match à oublier, le doute s’installe et le trajet de retour est bien long !

 

L’opportunité de doubler la mise se présente à la ronde 6 contre Quimper 2, autre promu de N4, qui a perdu consciencieusement ses 5 premiers matchs et dont l’équipe démotivée est handicapée par des défections. Bernard (#7) gagne sa partie en contrant un adversaire trop confiant, Hervé (#5) annule sans histoire, Damien (#8) score son premier demi-point dans une finale avec un pion de moins, Xavier (#1) annule aussi en finale malgré une pièce de moins, enfin Laurent (#2) a une finale cavalier contre mauvais fou avec un pion passé supplémentaire qui est complètement gagnante et nous donnerait au moins match nul, mais il est victime d’un instant de relâchement qui suffit à faire basculer la partie et le match, perdu 3-1.

 

Pas le temps de gamberger sur cette occasion manquée, car l’équipe est maintenant au pied du mur et condamnée à gagner ses deux prochains matchs. Dès le lendemain, elle ne laisse aucune chance à Yffiniac 2 et score une victoire sans appel (6-1) contre une opposition pour la première fois inférieure. La confiance revient au moment critique !

 

S’ensuivent deux mois d’interruption avant le match couperet contre Vitré. Comme Betton, Vitré auteur d’une saison mitigée a absolument besoin d’une victoire pour se maintenir. Evoluant à domicile, ils ont des atouts à faire valoir, notamment trois joueurs de niveau 2000+ sur les trois premiers échiquiers. Sur les autres échiquiers, leurs classements voisins des nôtres ne laissent augurer aucune partie facile. Mais il en faut davantage pour nous impressionner (cf photo de notre haka mental juste avant le match), et c’est compter sans la surmotivation bettonaise. Anatole (#7) monte une attaque irrésistible contre S. Legras (1644), qu’il conclut brillamment d’un sacrifice de Tour. En revanche, Jean-Philippe (#8) et Xavier (#3) doivent s’incliner sans avoir jamais eu l’avantage. Les autres échiquiers offrent toutefois de bonnes perspectives. Invaincu cette saison, Bernard (#5) a deux pions de plus contre L. Caroff (1820) mais lâche une pièce en zeitnot ! Plus aucune défaillance n’est permise, et tout repose maintenant sur les tauliers, les quatre grognards qui étaient déjà là il y a six ans lors de la qualification en N3.

 

Contre Mathieu (#2), C. de la Fontaine (2036) joue un gambit et tente sans succès toutes sortes d’agressions qui l’amènent en gros zeitnot, où c’est lui qui finit par succomber à une tactique qui propulse Mathieu dans une finale de Tours avec 2 pions de plus. De son côté, contre L. Denis (2203), le plus fort joueur du championnat, Laurent ne se démonte pas pour si peu. Il gagne un pion en sortie d’ouverture et parvient à le faire fructifier en pénétrant via une colonne ouverte dans la position adverse Le score est maintenant à 3-3.

 

Christophe (#4), à qui son capitaine a interdit de faire nulle dans une finale de Tours au départ égale contre G. Oillic (1753), finit par prendre le dessus en se créant un pion passé et en le menant à dame ! Avantage 4-3 à Betton ! Tous les regards convergent sur l’échiquier restant, où Hervé (#6), est parvenu à gagner une pièce mineure au terme d’une incursion de pièces lourdes sur la colonne h, mais L. Le Cabellec (1703) sacrifie une qualité supplémentaire pour pénétrer avec sa Dame dans la position adverse qui n’est plus défendue ! Les séquences d’échecs impliquent des calculs compliqués et les deux joueurs n’ont que quelques minutes à la pendule. A la demande de son capitaine Hervé propose la nulle et l’obtient au bénéfice d’une répétition de coups, concluant par le plus petit écart une victoire synonyme de saison réussie in extremis !

 

Le match du lendemain, perdu 5-2 contre Domloup, est une formalité vite oubliée. On retiendra de cette saison la 6ème place de Betton (résultats sur le site FFE), la détermination collective d’une équipe, sa réalisation impeccable du plan tracé en début de saison par le capitaine, les belles performances d’Anatole, Bernard, Christophe et Laurent auteurs de 4 victoires chacun et de performances bien au-dessus de leur classement de départ, le retour aux affaires de Mathieu qui a joué toutes ses parties avec les Noirs, et le scénario à haute tension du match décisif contre Vitré.