Pour la troisième année consécutive, le Betton Echecs Club s'est hissé jusqu'à une finale nationale de coupe. Et cette fois-ci à la force du poignet, sans bénéficier d'aucun repêchage. Aventures émaillées de bien des péripéties, que nous avons abondamment relatées.

Cette année, la finale de la Coupe 2000 était accueillie par le club de Nancy, où se déroulera également le championnat de France en août. Le plateau s'annonçait relevé puisqu'outre Limoges champion en titre et Nancy Stanislas double champion et candidat déclaré au titre, qui à eux deux présentaient 5 équipes, on pouvait compter des habitués comme Monteux, Génas, Saint-Thomas Le Havre, Saint-Just-en-Chaussée et Yffiniac qui ont déjà plusieurs finales de coupe 2000 au compteur. Face à ces poids lourds, Betton comptait sur trois joueurs de l'équipe finaliste en 2012, chacun fort de l'expérience de deux finales de Coupe, et notre vice-champion régional au premier échiquier. Au pesage des moyennes Elo, Betton ne pointe toutefois qu'à la douzième place, 200 points derrière le favori Nancy 1.

En arrivant à Nancy vers midi après un voyage fluide et confortable, grâce au mécénat de Laurent, nous prenons nos quartiers à l'hôtel réservé par le club hôte et nous payons le luxe d'une petite sieste post-prandiale. Nous voilà en pleine forme et prêts à en découdre, boostés par les messages de soutien des deux top-scoreurs des phases précédentes, Hervé (5/6) et Laurent (2.5/3) qui, pris par d'autres obligations, ne sont malheureusement pas de la partie.

Du rêve...

L'organisation dirigée par Claude Adrian est impeccable : vaste salle de jeu climatisée, vidéo-projection, accueil chaleureux, café offert, et Brendan noue rapidement des liens d'amitié avec la jeune fille du bar. Mais le tirage a de quoi nous refroidir : il nous oppose en effet à Limoges, le champion en titre, qui n'a pas changé son équipe qui gagne et s'est même affublé d'une mascotte qui leur garantit l'invincibilité ! C'est la douche froide : seul Xavier (#3) parvient à obtenir une bonne position grâce à une ouverture bien maîtrisée, mais il ne peut empêcher son adversaire de se dégager et reprendre l'initiative avant de tomber dans un piège tactique. La facture est lourde : 4-0 pour Limoges 1, et Betton se retrouve au pied du mur, à la dernière place.

La deuxième ronde nous offre une chance de rattrapage, puisque nous sommes appariés à Limoges 2, cadets des précédents. Ca n'est plus la même chanson : Brendan (#1) installe un pion meurtrier en e6, Mickael (#2) gagne la qualité à la faveur d'une série d'échanges, Xavier gagne une pièce dans l'ouverture, et les trois concluent victorieusement. Mais Yvon (#4) se retrouve avec quelques secondes dans une finale avec Dame et Tour et un pion de moins. Il tente de répéter les coups mais son adversaire se dérobe. Il avance alors un pion passé et échange les Tours pour compenser l'écart matériel. Les spectateurs sont convaincus que la finale est au mieux nulle, mais très aiguë du fait des pions passés de part et d'autre. Confiant dans la maîtrise des finales de son équipier, le capitaine laisse jouer. Yvon regagne son pion, les Dames sont échangées et un pion est promu de chaque côté. Yvon regagne du temps, son adversaire commence à douter, et Yvon échange de nouveau les Dames et promeut son dernier pion le premier tandis que son adversaire reste avec un pion Cavalier en septième : c'est gagné ! Une victoire 4-0 qui compense la première ronde et remet Betton en selle, juste devant... Yffiniac. C'est le moment de chambrer !

Après un dîner revigorant, l'épreuve de la ronde nocturne nous oppose à Genas, un club d'adultes expérimentés, tous mieux classés que nous. Un exercice qui ne nous a pas réussi les années précédentes. Yvon doit faire face à des difficultés insurmontables, mais les autres parties sont équilibrées. Xavier réfute une ouverture originale en gagnant un pion central, mais doit faire face à une forte attaque. Il défend efficacement et son adversaire s'écroule dans le zeitnot. Brendan prend également le dessus. Au final, les Blancs gagnent sur tous les échiquiers et les points se retrouvent partagés (2-2), ce qui nous place à 1 victoire et demi, à égalité avec... Yffiniac, bien sûr ! C'est devenu un incontournable de la Coupe 2000 : en six rencontres, nous avons été appariés six fois à nos frères ennemis costarmoricains.

Il est 22h30, chacun choisit sa méthode de préparation pour ce match au sommet. Les fêtards d'Yffiniac assistent au son et lumière sur la place Stanislas avant de sortir en boîte. Plus sérieux, les Bettonais se mettent au lit et essaient de mettre toutes les chances de leur côté pour compenser les 180 points Elo qui les séparent (en moyenne !) de leurs adversaires. Retour sur l'échiquier à 8h15. Yvon ne tient pas le choc contre Loïc Robert classé près de 300 points au-dessus de lui. Confronté de nouveau contre Michel Yché, Xavier fait face au même début que lors de la finale de Nîmes l'année dernière. Il exploite une imprécision d'ouverture pour enfermer la Dame adverse, et se retrouve avec une pièce contre un pion et un avantage de développement considérable, qu'il exploite pour extraire le Roi blanc et l'amener jusqu'en a8 pour un mat Fou-Cavalier ! Avec Fou contre Tour et trois pions de part et d'autres, Brendan résiste autant que possible contre Anthony Cléran. Il essaie de valoriser sa majorité à l'aile Dame, mais la Tour est plus forte et il finit par s'incliner. Mickael se bat comme un beau diable contre Corentin Sanvoisin, le deuxième joueur le mieux classé de toute la compétition, et finit par annuler dans une finale de Tours avec un pion de moins. Comme à Carquefou, nous sommes passés très près de l'exploit et concédons la défaite par le plus petit score (2-1) après un combat acharné.

Cependant, nous y avons laissé beaucoup de forces alors que l'appariement de la dernière ronde nous surclasse contre Monteux, qui a terminé sur le podium l'année dernière et va rééditer son résultat.  C'est le match de trop pour notre équipe un peu déçue. Un match à oublier (0-4).  Dans le même temps, l'équipe Nancy Stanislas 1, avec une moyenne Elo de 1978 a fait forte impression en éliminant tous ses concurrents l'un après l'autre.  Avec 5 victoires sur 5 rondes, ils réalisent un sans-faute, encore jamais atteint en Coupe 2000 !

...à la réalité.

Au final, un bilan sportif mitigé, puisque avec la douzième moyenne Elo nous avons décroché la... douzième place ! Clairement en deçà de nos espérances. Pourtant, malgré des tirages difficiles, nous avons plutôt bien tenu nos parties, grâce à une expérience grandissante de cette compétition, disputé quelques belles parties et toujours combattu jusqu’au bout (19 parties décisives et une nulle de combat qui a sans doute été la plus longue de toutes !). Après un déjeuner convivial dans la salle de jeu, nous saluons nos voisins d'Yffiniac que nous n'allons pas manquer de retrouver l'année prochaine en N3, et Brendan prend rendez-vous à l'open de Rennes avec sa nouvelle amie. Une petite visite à la place Stanislas, et retour studieux en préparation des échéances futures : révision d’arbitrage pour Mickael avec le professeur Yvon, et parties à l’aveugle pour les deux autres.

De dr. à g.nos héros : Joe (#1), Jack (#2), William (#3) et Averell (#4).